水曜日, 12月 05, 2018

ライプニッツ ブルゲ宛書簡 1714年12月 原文のみ


ライプニッツ (Gottfried Wilhelm Leibniz) 1


1714.12 ライプニッツからBourguet, Louisあて Hannoverより G3,572-76 Dut2.1,325-28 Erdmann719-21 Loem661-63 Buche2,478-82



邦訳哲学書簡には未収録


ブルゲ
Gerhardt, Leibniz; Die philosophischen Schriften, 7 Bände,1875-1890.3
572


573:



576







572

Leibniz au Bourguet.

ou questions là dessus; car sans cela on éclaircit quelques fois des en-

droits, où les autres ne trouvent point de difficultés. Je suis avec zéle etc

Vienne ce 44. Juillet 1744.

XII

Leibniz au Bourguet.

Hanover ce . ..de Decembr. 474.

J'ay*) enfin receu la lettre que vous m'aviés envoyée par M. Herman,

et j'ay eté bien aise de voir vos remarques sur ma Theodicée. J'accorde

que l'idée des possibles suppose necessairement celle [c'est à dire l'idée]

de l'existence d'un etre qui puisse produire le possible. Mais l'idée

des possibles ne suppose point l'existenoe meme de cet etre, comme

il semble que vous le prenés, Monsieur, en adjoutant: s'il n'y avoit

point un tel etre, rien ne seroit possible. Car il suffit qu'un etre

qui puisse produire la chose, soit possible, à fin que la chose soit possible.

Generalement parlant, pour qu'un etre soit possible, il suffit que sa causθ

efficiente soit possible; j'excepte la cause efficiente supreme qui doit exi-

ster effect.νθment. Mais c'est ex alio capite, que rien ne seroit possible

si l'étre necessaire n'existoit point. C'est parce que la realité des possibles

et des verités eternelles doit etre sondée dans quelque chose de reel et

d'existant.

Je n'accorde point que pour connoistre, si le Roman de l'Astrée est possible, il faille connoistre sa connexion avec le reste de l'Univers. Cela seroit necessaire pour savoir, s'il est compossible

avec luy, et par consequent, si ce Roman a eté, ou est, ou sera dans

quelque coin de l'Univers. Car asseurement sans cela, il n'y aura point

de place pour luy. Et il est tres vray que ce qui n'est point, et n'a point

été, et ne sera pas, n'est point possible, si possible est pris pour com

possible, comme je viens de le dire. Et peutetre que Diodore, Abai-

lard, Wiclef, Hobbes ont eu cette idée en teste, sans la bien demeler.

*) Diefer Brief Reibnigen$ entált bie ntwort auf ba, febr umfangreide etreiben Bour»

guet's bom 15. ai 1713 , bat er bei feiner Ridfebr паф fannober borfand. Da eibnia-roie

er selbft hervorhebt, allet Bemerkenswerthe in dem Schreiben Bourguet's hier erwähnt, so tann

der Abdruk des letztern unterbleiben.


Leibniz au Bourguet

573

Mais autre chose est, si l'Astrée est possible absolument. Et je dis qu'ouy,

parce qu'elle n'implique aucune contradiction. Mais pour qu'elle existât

effectivement, il faudroit que le reste de l'Univers fût aussi tout autre qu'il

n'est, et il est possible qu'il soit autrement.

Je n'accorde pas non plus que vous adjoutés, Monsieur, que pouir

asseurer qu'il y a une infinité de mondes possibles, il faut

se les figurer finis et determinés. Cela vient du même mesen-

tendu de prendre possibles pour compossibles. Et lorsque vous dites

qu'un Monde [tout à fait] infini renferme en un sens tous les

possibles, je l'accorde en ce sens là, c'est à dire, prenant possibles

pour compossibles.

Vous dites encore, Monsieur, qu'une serie infinie contient tous

les nombres possibles. Mais je ne l'accorde pas non plus. La serie

des nombres quarrés est infinie, et cependant elle ne contient pas tous les

nombres possibles

Vous y adjoutés ces paroles: Si l'on regarde l'Univers comme

une collection, on ne peut pas dire qu'il puisse y en avoir

plusieurs. Cela seroit vray, si l'Univers etoit la collection de tous les

possibles; mais cela n'est point, parce que tous les possibles ne sont point

compossibles. Ainsi l'Univers n'est que la collection d'une certaine façon

de compossibles; et l'Univers actuel est la collection de tous les possibles

existans, c'est à dire de ceux qui forment le plus riche composé. Et

comme il y a de differentes combinaisons des possibles, les unes meilleures

que les autres, il y a plusieurs Univers possibles, chaque collection de

compossibles en faisant un.

Je ne vois aucune raison pourquoy on ηθ puisse pas dire à la

rigue ur, que l'intelligence conçoive des possibles qui n'exi

stent jamais. Peutetre y at-il des figures de Geometrie et des Nombres

sourds, qui n'ont jamais existé, et n'existeront jamais. En sont-ils moins

possibles, c'est à dire moins connoisables? Tout ce qui vient de Dieu

(dites vous) porte necessairement les caracteres de l'ordre, et

par consequent l'admission des produits de ses perfections à

l'existence. Ce sont vos paroles, que j'admets. Cela prouve que le

seul meilleur existe, mais non pas que le seul meilleur soit possible, ou

bien c'est changer la signification des Termes. J'appele possible tout ce

qui est parfaitement concevable, et qui a par consequent une essence,


574

Leibniz an Bourgnet

υηθ idée : sans considerer, gi le reste des choses luy permet de devenir

existant

Ainsi j'ay fait jusqu'icy une Analyse exacte de vos objections; apres

laquelle je n'ay point besoin de parcourir, Monsieur, ce que vous dites

des Actions de Dieu et des creatures intelligentes, d'un particulier deve-

nant Roy; du voyage aux Indes de quelqu'un comme de Bacchus ou d'Her-

eule; de la possibilité du peché etc. Il me semble que ces objections

viennent d'un reste de la lecture de M. Poiret.

Mais lorsque vous dites, que de dire qu'un monde sans mal,

preferable en ordre au notre, n'est pas possible, c'est donner

cause gagnée à M. Bayle, je n'entends pas bien la raison qui vous le

fait avancer; car oe que vous y adjoutés ne contient aucun car, ny

parce que. Ainsi je ne le compte pas pour une objection.

Vous adjoutés que le mal est entré pour rien dans les deerets

de Dieu. Si cela se prend comme vous semblés l'expliquer un peu

apres, que la consideration du mal n'étoit pas assez grande

pour contrebalancer le bien, je l'accorde.

C'est ainsi que la tendence au plus grand bien a encor inferé l'ad-

mission du mal moral, quoyqu'il semble que vous ne le veuliés accorder

que du mal metaphysique, et tout au plus de quelque mal physique, mais

sans adjouter la raison de oette limitation.

Quant au mal metaphysique, dites vous, je ne le considere

pas comme un mal; mais, Monsieur, si vous admettés le bien Metaphysi-

que, la privation de ce bien sera un mal metaphysique. Lorsqu'un etre

intelligent perd son bon sens, sans douleur et sans peché (et par conse-

quent, sans mal physique ny mal moral) ne compterés vous pas cela pour

un mal? En tout cas vous ne feriés que changer la signification des

termes.

Je trouve donc, Monsieur, que vous auriés pû satisfaire vous même à

tous ces doutes, si vous aviés pris la peine de les mediter sur ce que

j'avois déja dit. Je suis pourtant bien aise de vous l'avoir pû montrer.

Ge que vous dites des developpemens, Monsieur, me paroist tres bien

dit. Les animaux humains seminaux, qui ne parviendront jamais au de-

veloppement de la raison, ne l'ont pas non plus enveloppée.

De la maniere que je definis perception et appetit, il faut que toutes

les Monades en soyent douées. Car perception m'est la representation


Leibniz an Bourguet

575

de la multitude dans le simple; et l'appetit est la tendence d'une per-

ception à une autre: or ces deux choses sont dans toutes les Monades,

car autrement une Monade n'auroit aucun rapport au reste des choses

Je ne say, Monsieur, comment vous en pouvés tirer quelque Spinosisme;

c'est aller un peu vite en consequences. Au contraire c'est justement par

ees Monades que le Spinosisme est detruit, car il y a autant de substan

ces veritables, et pour ainsi dire, de miroirs vivans de l'Univers tousjours

subsistans, ou d'Univers concentrés, qu'il y a de Monades, au lieu que,

selon Spinosa, il n'y a qu'une seule substanoe. II auroit raison, s'il n'y

avoit point de monades; alors tout, hors de Dieu, seroit passager et s'eva-

nouiroit en simples accidens ou modifications, puisqu'il n'y auroit point

la base des substances dans les choses, laquelle consiste dans l'existence

des Monades.

Quant à vos remarques, Monsieur, je trouve aussi de la difficulté dans

quelques unes. Je voudrois savoir comment on peut demontrer (Rem. 3.)

que toute succession renferme un commencement. Pourquoy voulés vous

(Rem. 8.) que toutes les creatures intelligentes ne soyent que quelques

anges et des hommes qui ayent peché ? Ce que vous dites remarq υθ 9,

ne prouve point que le mal ne rend pas le bien plusgrand. Vous

avancés souvent des propositions, Monsieur, et discourés là dessus, mais

ce discours contient plustost des explications et des consequences que des

preuves.

Par rapport à Dieu, il n'y a rien d'accidentel dans l'Univers. Ainsi

l'augmentation du bonheur des bienheureux naissant de la cheute des au-

tres, a eté sans doute dans les desseins de Dieu, mais elle n'a pas eté la

seule raison de la permission du mal. Le mal n'entre pas dans les

desseins de Dieu, c'est à dire dans ses volontés antecedantes, comme

objet, mais comme condition de quelques objets.

Mons. Scheuchzer ayant melioré sa condition à Zurich, et ayant trouvé

de la peine à obtenir la permission de sa République pour aller trouver

le Czar, son voyage en Russie est rompu, et j'en suis faché, à cause de

la perte que les sciences en souffriront, car il y auroit trouvé un vaste

champ d'observations. C'estoit terra vergine pour ainsi dire.

Je ne suis pas encor venu à la consideration des Loix Russiennes;

d'autres y travaillent, mais je verray peutetre un jour ce qu'ils auront

lait. Quand le Czar sera delivré de la guerre, il pensera comme il faut


576

Leibniz an Bourguet

aux Arts de la paix, quoyqu'il y pense déja beaucoup par avance. Je

doute qu'il cherche des Jurisconsultes, et il paroist plustost disposé à s'en

passer, de peur d'introduire la chicane avec eux. Il est difficile de tenir

le juste milieu entre une chicane comme la notre, et un gouvernement

violent oomme celuy d'un Vizir ou d'un Bacha Turc.

Je suis bien aise, Monsieur, que vous avés quelque commerce avec

l'excellent M. Cuper, qui est peutetre le plus savant homme de notre

temps dans les antiquités. Je suis avec passion etc.

P. S. Le discours Analytique de votre ami sur la maniere de separer

les inconnues dans les Equations differentielles, me paroist ingenieux, et

ses meditations meritent d'etre cultivées et éclairoies plus amplement. Je

compare ces sortes de Methodes avec les differens tours d'adresse dont on

se sert dans le Calcul dθ Diophante, quand il s'agit de resoudre les Equa-

tions en nombres rationaux. Je ne say si c'est Monsieur Zendrini ou

quelqu'autre ami que vous avés en Italie. Quel qu'il soit, il paroist ca-

pable de donner quelque chose de considerable, et je vous supplie, Mon-

sieur, de l'exhorter à poursuivre. Cependant il faut que je dise, qu'il y

a des separations des inconnues dans les differentielles, qui ne suffisent

point pour en tirer les quadratures, quoyqu'on ait coutume de prendre

l'un pour l'autre.

XIII

Leibniz an Bourguet.

Je*) viens de recevoir l'honneur de votre lettre, et j'y donneray une

reponse assez ample. Mais je vous écris ces lignes par avance, parce que

vous parlés de quitter bientost l'Italie. Cela m'oblige de vous supplier de

faire quelque emplette literaire pour moy. Je souhaite le Giornale de'

Letterati de Venise, depuis son commencement; je souhaite aussi bon

nombre de livres de Mathematique, de Physique et de Medecine qui pa-

roissent curieux et capables d'apprendre quelque chose; sur tout ce que

M. Vallisnieri a donné. Pour les livres d'Histoire et Literaires, je voudrois

les Vindic. Diplomatum de M. Fontanini; son livre della Città

*)鲁on biefern Brief feblt ba, riginal. ebenfo feblt ber borausgebenbe Brief Bourguet's.



~~~

572
ßeibnig an ©ourguet.
ou questions là dessus; car saus cela on éclaircit quelques fois des en¬
droits, où les autres ne trouvent point de difficultés. Je suis avec zélé etc.
Vienne ce 44. Juillet 4744.
XII.
ßribtiq an ©ourguet.
Hanover ce ... de Decembr. 4744.
J’ay*) enfin receu la lettre que vous m’aviés envoyée par M. Hennan,
et j’ay été bien aise de voir vos remarques sur ma Theodicée. J’accorde
que l’idée des possibles suppose nécessairement celle [c’est à dire l’idée]
de l’existence d’un etre qui puisse produire le possible. Mais l’idée
des possibles ne suppose point l’existence meme de cet etre, comme
il semble que vous le prenés, Monsieur, en adjoutant: s’il n’y a voit
point un tel etre, rien ne seroit possible. Car il suffit qu’un etre
qui puisse produire la chose, soit possible, à fin que la chose soit possible.
Generalement parlant, pour qu’un etre soit possible, il suffit que sa cause
efficiente soit possible; j’excepte la cause efficiente supreme qui doit exi¬
ster effectivement. Mais c’est ex alio capite, que rien ne seroit possible
si l’être nécessaire n’exisloit point. C’est parce que la realité des possibles
et des vérités eternelles doit etre fondée dans quelque chose de reel et
d’existant.
Je n’accorde point que pour connoistre, si le Roman de l’Astrée
est possible, il faille connoistre sa connexion avec le reste
de l’Univers. Cela seroit nécessaire pour savoir, s’il est compossible
avec luy, et par conséquent, si ce Roman a été, ou est, ou sera dans
quelque coin de l’Univers. Car asseurement sans cela, il n’y aura point
de place pour luy. Et il est très vray que ce qui n’est point, et n’a point
été, et ne sera pas, n’est point possible, si possible est pris pour com¬
possible, comme je viens de le dire. Et peutetre que Diodore, Abai-
lard, Wiclef, Hobbes ont eu cette idée en teste, sans la bien demeler.
*) $iefet ©rief Scibnijen* entrait bie Untmort auf bat fej)r umfangreiche Schreiben ©out*
guet’* t)om 15. ©toi 1713, bat er bei feiner Wöcffchr nach ÿannoüer norfanb. $a fieibnij, mie
et felbft btmorbebt, aDet ©emertentroertbe in bem Schreiben ©ourguet1* f)tï ermähnt, fo tann
ber KbbrucC beé (extern unterbleiben.


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Seibnig an Sourguet.
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Mais autre chose est, si l’Astrée est possible absolument. Et je dis qu’ouy,
parce qu’elle n’implique aucune contradiction. Mais pour qu’elle existât
effectivement, il faudroit que le reste de l’Univers fût aussi tout autre qu’il
n’est, et il est possible qu’il soit autrement.
Je n’accorde pas non plus que vous adjoutés, Monsieur, que pour
asseurer qu’il y a une infinité de mondes possibles, il faut
se les figurer finis et déterminés. Gela vient du même mesen-
tendu de prendre possibles pour compossibles. Et lorsque vous dites
qu’un Monde [tout à fait] infini renferme en un sens tous les
possibles, je l’accorde en ce sens là, c’est à dire, prenant possibles
pour compossibles.
Vous dites encore, Monsieur, qu’une serie infinie contient tous
les nombres possibles. Mais je ne l’accorde pas non plus. La serie
des nombres quarrés est infinie, et cependant elle ne contient pas tous les
nombres possibles.
Vous y adjoutés ces paroles: Si l’on regarde l’Univers comme
une collection, on ne peut pas dire qu’il puisse y en avoir
plusieurs. Cela seroit vray, si l’Univers etoit la collection de tous les
possibles; mais cela n’est point, parce que tous les possibles ne sont point
compossibles. Ainsi l’Univers n’est que la collection d’une certaine façon
de compossibles; et l’Univers actuel est la collection de tous les possibles
existans, c’est à dire de ceux qui forment le plus riche composé. Et
comme il y a de differentes combinaisons des possibles, les unes meilleures
que les autres, il y a plusieurs Univers possibles, chaque collection de
compossibles en faisant un.
Je ne vois aucune raison pourquoy on ne puisse pas dire à la
rigueur, que l’intelligence conçoive des possibles qui n’exi¬
stent jamais. Peutetre y at-il des figures de Geometrie et des Nombres
sourds, qui n’ont jamais existé, et n’existeront jamais. En sont-ils moins
possibles, c’est à dire moins connoisables? Tout ce qui vient de Dieu
(dites vous) porte nécessairement les caractères de l’ordre, et
par conséquent l’admission des produits de ses perfections à
l’existence. Ce sont vos paroles, que j’admets. Cela prouve que le
seul meilleur existe, mais non pas que le seul meilleur soit possible, ou
bien c’est changer la signification des Termes. J’appele possible tout ce
qui est parfaitement concevable, et qui a par conséquent une essence,


574:
574
Seilnig ftn Sourgitei.
une idée: sans considerer, si le reste des choses luy permet de devenir
existant.
Ainsi j’ay fait jusqu’icy une Analyse exacte de vos objections; après
laquelle je n’ay point besoin de parcourir, Monsieur, ce que vous dites
des Actions de Dieu et des créatures intelligentes, d’un particulier deve¬
nant Roy; du voyage aux Indes de quelqu’un comme de Bacchus ou d’Her¬
cule; de la possibilité du péché etc. Il me semble que ces objections
viennent d’un reste de la lecture de M. Poiret
Mais lorsque vous dites, que de dire qu’un monde sans mal,
préférable en ordre au notre, n’est pas possible, c’est donner
cause gagnée à M. Bayle, je n’entends pas bien la raison qui vous le
fait avancer; car ce que vous y adjoutés ne contient aucun car, ny
parce que. Ainsi je ne le compte pas pour une objection.
Vous adjoutés que le mal est entré pour rien dans les décrets
de Dieu. Si cela se prend comme vous semblés l’expliquer un peu
après, que la considération du mal n’étoit pas assez grande
pour contrebalancer le bien, je l’accorde.
C’est ainsi que la tendence au plus grand bien a encor inféré l’ad¬
mission du mal moral, quoyqu’il semble que vous ne le veuliés accorder
que du mal métaphysique, et tout au plus de quelque mal physique, mais
sans adjouter la raison de oette limitation.
Quant au mal métaphysique, dites vous, je ne le considere
pas comme un mal; mais, Monsieur, si vous admettés le bien Métaphysi¬
que, la privation de ce bien sera un mal métaphysique. Lorsqu’un etre
intelligent perd son bon sens, sans douleur et sans péché (et par consé¬
quent, sans mal physique ny mal moral) ne compterés vous pas cela pour
un mal? En tout cas vous ne fériés que changer la signification des
termes.
Je trouve donc, Monsieur, que vous auriés pû satisfaire vous même à
tous ces doutes, si vous aviés pris la peine de les méditer sur ce que
j’avois déjà dit. Je suis pourtant bien aise de vous l’avoir pù montrer.
Ce que vous dites des developpemens, Monsieur, me paroist très bien
dit. Les animaux humains séminaux, qui ne parviendront jamais au dé¬
veloppement de la raison, ne l’ont pas non plus enveloppée.
De la manière que je definis perception et appetit, il faut que toutes
les Monades en soyent douées. Car perception m’est la représentation

575:
fieibftî} an Sourgutf.
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de la multitude dans le simple; et l’appetit est la tendance d’une per¬
ception à une autre: or ces deux choses sont dans toutes les Monades,
car autrement une Monade n’auroit aucun rapport au reste des choses.
Je ne say, Monsieur, comment vous en pouvés tirer quelque Spinosisme;
c’est aller un peu vite en conséquences. Au contraire c’est justement par
ces Monades que le Spinosisme est détruit, car il y a autant de substan¬
ces véritables, et pour ainsi dire, de miroirs vivans de l’Univers tousjours
subsistans, ou d’Univers concentrés, qu’il y a de Monades, au lieu que,
selon Spinosa, il n’y a qu’une seule substance. 11 auroit raison, s’il n’y
a voit point de monades; alors tout, hors de Dieu, seroit passager et s’eva-
nouiroit en simples accidens ou modifications, puisqu’il n’y auroit point
la base des substances dans les choses, laquelle consiste dans l’existence
des Monades.
Quant à vos remarques, Monsieur, je trouve aussi de la difficulté dans
quelques unes. Je voudrois savoir comment on peut démontrer (Bern. 3.)
que toute succession renferme un commencement. Pourquoy voulés vous
(Rem. 8.) que toutes les créatures intelligentes ne soyent que quelques
anges et des hommes qui ayent péché? Ce que vous dites remarque 9,
ne prouve point que le mal ne rend pas le bien plus grand. Vous
avancés souvent des propositions, Monsieur, et discourés là dessus, mais
ce discours contient plustost des explications et des conséquences que des
preuves.
Par rapport à Dieu, il n’y a rien d’accidentel dans l’Univers. Ainsi
l’augmentation du bonheur des bienheureux naissant de la cheute des au¬
tres, a été sans doute dans les desseins de Dieu, mais elle n’a pas été la
seule raison de la permission du mal. Le mal n’entre pas dans les
desseins de Dieu, c’est à dire dans ses volontés antecedantes, comme
objet, mais comme condition de quelques objets.
Mons. Scheuchzer ayant melioré sa condition à Zurich, et ayant trouvé
de la peine à obtenir la permission de sa République pour aller trouver
le Czar, son voyage en Russie est rompu, et j’en suis fâché, à cause de
la perte que les sciences en souffriront, car il y auroit trouvé un vaste
champ d’observations. C’estoit terra vergine pour ainsi dire.
Je ne suis pas encor venu à la considération des Loix Russiennes;
d’autres y travaillent, mais je verray peutetre un jour ce qu’ils auront
fait. Quand le Czar sera délivré de la guerre, il pensera comme il faut

576:
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Seibni) an Bourguet.
aux Arts de la paix, quoyqu’il y pense déjà beaucoup par avance. Je
doute qu’il cherche des Jurisconsultes, et il paroist plustost disposé è s’en
passer, de peur d’introduire la chicane avec eux. 11 est difficile de tenir
le juste milieu entre une chicane comme la notre, et un gouvernement
violent comme celuy d’un Vizir ou d’un Bacha Turc.
Je suis bien aise, Monsieur, que vous avés quelque commerce avec
l’excellent M. Guper, qui est peutetre le plus savant homme de notre
temps dans les antiquités. Je suis avec passion etc.
P. S. Le discours Analytique de votre ami sur la maniéré de separer
les inconnues dans les Equations différentielles, me paroist ingénieux, et
ses méditations meritent d’etre cultivées et éclaircies plus amplement. Je
compare ces sortes de Méthodes avec les differens tours d’adresse dont on
se sert dans le Calcul de Diophante, quand il s'agit de résoudre les Equa¬
tions en nombres rationaux. Je ne say si c’est Monsieur Zendrini ou
quoiqu’autre ami que vous avés en Italie. Quel qu’il soit, il paroist ca¬
pable de donner quelque chose de considérable, et je vous supplie, Mon¬
sieur, de l’exhorter à poursuivre. Cependant il faut que je dise, qu’il y
a des séparations des inconnues dans les différentielles, qui ne suffisent
point pour en tirer Jes quadratures, quoyqu’on ait coutume de prendre
Tun pour l’autre.
XIII.
firibnij an Bourguei
Je*) viens de recevoir l’honneur de votre lettre, et j’y donneray une
réponse assez ample. Mais je yous écris ces lignes par avance, parce que
vous parlés de quitter bientost l’Italie. Cela m’oblige de vous supplier de
faire quelque emplette literaire pour moy. Je souhaite le Giornale de’
Letterati de Venise, depuis son commencement; je souhaite aussi bon
nombre de livres de Mathématique, de Physique et de Medecine qui pa-
roissent curieux et capables d’apprendre quelque chose; sur tout ce que
M. Vallisnieri a donné. Pour les livres d’Histoire et Literaires, je voudrais
les Vindic. Diplomatum de M. Fontanini; son livre délia Città
*) Mon bicfem Brief fefclt bol Original. fcbenfo feÿlt ber oorautgeÇenbe Brief Bourguet’«.











9 テンプレ模索中です[sage] 2018/12/06(木) 19:45:30.61 ID:0 
バッハが生まれる20年ほど前、ライプニッツはライプツィヒ、ローゼンタールの森で思索したという。 

「私は自分が15才で、ライプツィヒのローゼンタールの森を独りで散歩していた時のことを思い出す。
その時私は(スコラ哲学者たちの)実体的形相を固守し続けるべきかどうか思索していたのである。
その結果、機械論が勝利を収め、私は数学研究に向かうことになった。」ニコラ=フランソワ・レモン宛書簡より 
http://homepage3.nifty.com/hiraosemi/li.htm 

参考:岩波文庫『形而上学叙説』p10-11、シュプリンガー『ライプニッツ』p189 、『ライプニッツの普遍計画』p35                                                        
1661年
参考画像: 
『哲学の歴史5』(中公新社、p523)より 
http://image.blog.livedoor.jp/yojisekimoto/imgs/b/8/b8f1d500.jpg
Johann David Schubert ,1795 

1668?
(Eberhardによる未邦訳の伝記によれば)大学卒業後のライプニッツは錬金術結社
(rosicrucians,薔薇十字団?)に数ヶ月関係していたと言われる(エイトン邦訳『~の普遍計画』p47より。
岩波文庫の『形而上学叙説』に入っていた河野與一の略伝によると、ライプニッツは自分自身にも良く
分からない内容の文章を書いて、秘密結社に入った、とされる。)

<ニュルンベルクで錬金術師の秘密協会秘書となったライプニッツ>
https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg-06T4OkOHB8MX9_DtEWQi7gBvCnWXmK8uY8IyZp1XwwOnNkGCCJyxjZhVC_ICBB4M9rl6eyT9gYDElhA_RLtzz5_Cz8s6StGZpOLJF65oeQUCrurck8cuv3_wGir3q97uMr65/s1600/leibniz2.jpg
酒井潔『ライプニッツ』清水書院、28頁参照

1675年微分法発見

8 テンプレ模索中です[sage] 2018/12/06(木) 19:23:27.93 ID:0 
参考:
http://www.lehrer.uni-karlsruhe.de/~za146/barock/leibniz1.htm

「識別できない二つの個物はありません。 私の友人に才気煥発な一人の貴族がいて、
ヘレンハウゼンの庭の中、選帝侯婦人の御前で私と話をしていたときのことでありますが、
そのとき彼は全く同じ二つの葉を見つけられると思っていました。 選帝侯婦人はそんな
ことは出来ないとおっしゃいました。 そこで彼は長い間駆けずり回って探したのですが
無駄でした。 顕微鏡で見られれば二つの水滴とか乳滴も識別され得るでしょう。」
(1716年6月2日クラーク宛第4書簡) 

「互いに完全に似ている二つの卵、完全に似ている二つの葉とか草は庭の中には見いだされ
ない。従って、完全な類似性は非充足的な抽象的な概念においてしか生じないが、その場合
事物は、あらゆる仕方においてではなく、ある一定の考察様式に従って考察されているのである。」
「第一真理」(生前未発表)

【不可識別者同一の原理 
    principium identitatis indiscerniblium,principle of the identity of indiscernibles 】
 (『モナドロジー』9など)
 [自然においては、2つの存在がたがいにまったく同一で、そこに内的規定に基づく違い
が発見できないなどということはなく、それゆえ、たがいに識別できない2つのものは、実は、
同一の1つののものである]とされる。
http://www.edp.eng.tamagawa.ac.jp/~sumioka/history/philosophy/kinsei/kinsei02g.html

http://de.wikipedia.org/w/index.php?title=Datei:Leibniz_und_Alvensleben.jpg&filetimestamp=20070325202518
http://de.wikipedia.org/wiki/Karl_August_I._von_Alvensleben
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/2/23/Leibniz_und_Alvensleben.jpg
1676~



また、死の際には牧師を招くのを断ったと言う。
<ライプニッツの死>1716年
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Leibniz und Eiropa より